“Comment ça, je fais pas mon âge ? J’suis un adulte responsable. Pfeuh.”

Petit. Chétif. Minuscule. C’est généralement la première chose qui saute aux yeux chez Leo.
Cependant méfiez vous ! Malgré son air enfantin, il a tendance à montrer les dents très facilement. D’ailleurs, ses canines un peu plus longues que la normale lui donnent un air de sauvage.

Complexé par sa taille, il déteste qu’on lui fasse la moindre remarque à ce sujet. Leo a compris que son apparence inspirait la faiblesse et depuis, le sport a pris une place importante dans son quotidien. Bien que la prise de masse soit difficile, on découvre sous ses vêtements une musculature bien proportionnée.

“Si tu me touche t’es mort !”

Ah, oui. Point essentiel : c’est un sacré petit con. Impulsif, violent et un peu trop obstiné, il ne se montre cependant pas rancunier sur le long terme. La confrontation, ça ne lui fait pas peur ; il aura même tendance à combler son manque d’attention par de la provocation. Derrière ses grands yeux bleus, il y a beaucoup de craintes et d'appréhension : au final, même si il aboie fort, c’est un être très prévisible qu’on peut apprivoiser facilement.

Son comportement agressif a souvent pour conséquence de l'envoyer tout droit à l'infirmerie ; mais la seule menace qui pourrait l'empêcher de foutre le bordel, c'est le trou. La solitude est son plus grand démon ; si Leo se prend d’affection pour quelqu’un, il cherchera à traîner souvent dans ses pattes. Par contre, il ne sait pas mentir, ni trahir. La franchise est son maître mot.

C'est aussi un être à la loyauté infaillible capable de défendre ses amis jusqu'à ce que mort s'en suive. Il se fout du regard des gens ou de ce qu'ils peuvent penser, en revanche il peut se montrer très empathique auprès des personnes qu'il aime. Sous ces dehors détendus, se cache une grande sensibilité ; mais il n'aime pas montrer ses émotions en public, bien qu'elles aient tendance à le submerger très rapidement.

Un rien suffit à l'impressionner et à le faire rêver. Il prend en modèle les hommes puissants qui semblent ne jamais perdre le contrôle d'eux mêmes ; en revanche, les personnalités instables lui font très peur et lui rappellent de mauvais souvenirs.

Quelque part, dans les souvenirs de Leo, si l’on fouille bien, se trouve une femme très spéciale.

Pour une poignée de billets, on pouvait choisir son prénom, ses vêtements ou le ton de sa voix.
Mais aux yeux de son fils, elle restait toujours la même reine, cachée au milieu des princesses. Ensemble, ils avaient vécu dans un bordel croupissant jusqu’à ses six ans, ou quelque chose du genre.

“Ta mère, c’était une sacrée traînée. C’est pas grave si tu t’en souviens pas.”

Ah, Leo aurait préféré l’oublier lui.

“Á l’époque je voulais juste m’amuser un peu… J’pouvais pas deviner qu’elle reviendrait cinq ans plus tard avec un bambin dans les bras. ”

Thiago, c’était un ancien légionnaire de l’armée espagnole. Viré pour faute grave, il pourrissait dans un petit appartement à Lima.

“Enfin, j’suis bien content qu’elle se soit cassée d’ici…”
Soufflait-il toujours avant d’allumer une énième cigarette.

“On est bien tous les deux… Dis, tu vas m’chercher une bière ?”

Il ne s’arrêtait jamais de boire. L’argent allait et venait, au travers de ses petites magouilles avec des “amis” peu fréquentables. Presque tous les mois, une nouvelle femme venait lui tenir compagnie. Parfois, au passage, ses conquêtes donnaient un peu de leur amour maternel à Leo, ce petit gosse aux grands yeux bleus écarquillés, toujours planqué dans un coin.

Difficile de dire si il était heureux ou malheureux. Son père le nourrissait et l’emmenait à l’école ; parfois, ils réussissaient presque à avoir une relation normale.
Mais Thiago transpirait la haine. C’était le genre de gars prêt à tout démolir pour un rien.
Un soir, il avait tabassé une escort-girl dans son salon. Une autre fois, il avait défoncé une porte en apprenant que sa coke ne se vendait pas.

Leo en avait peur, mais l’idée de se retrouver séparé de lui, seul à nouveau, l’effrayait encore plus. Jusqu’à un certain âge, son innocence le préserva de nombreux vices.

Et puis, finalement, il grandit. Il réalisa.

La vie, la mort, l’amour, le sexe, les putes, sa mère, la douleur, la drogue, l’argent. La réalité.

Il avait envie de foutre le feu au nid, de courir loin vers l’horizon, et peut-être même d’aller élever des lamas sur le mont Huascarán.

Mais derrière la porte du salon, son père prolongeait peu à peu sa descente vers les enfers. De son trône de déliquescence, il ne bougeait presque plus. Et tandis que ce petit univers, aussi misérable soit-il, s’effondrait lentement, Leo gavait ses poches de tabac, préparait son sac et comptait le moindre billet. Chaque soir, il s’aventurait jusqu’à Comas pour trouver sa clientèle et vendre toute sa came. Sa petite taille n'éveillait pas vraiment les soupçons de la police ; elle lui avait même valu le surnom de “ la petite fille aux allumettes “.

Il faut dire que Leo inspirait la pitié, tout encapuchonné dans la nuit, seul au pied des lampadaires.

“Tu peux bosser pour nous, s’tu veux.”

Ça, c’était la voix de Kyllian. Il faisait partie d’un gang ; pour Leo c’était une occasion en or de faire ses preuves, tisser des relations et amasser une petite fortune.

Du haut de ses dix-sept ans, il se livrait au vol, au deal et à d’autres petits services risqués avec un peu trop d’enthousiasme. D’abord tous les soirs, puis toutes nuits, et enfin tous les jours.

Une fois récompensé, il rentrait voir son père avec un grand sourire aux lèvres, fier de lui.

“Où t’as trouvé tout ça, petit merdeux ?”

“En faisant comme toi, c’est tout. T’sais, je me suis battu aujourd’hui et j’ai failli gagner, j’y étais presque !”

“Ça sert à rien de se battre si tu gagne pas à la fin.”

Evidemment.
Mais Leo, c’est une sacré tête brûlée. Gagner ou perdre, quelle différence du moment qu’il s’amuse ? Kyllian et les autres avaient réussi à chasser l’ennui de son quotidien et ça suffisait à lui donner envie de se lever le matin, même si c’était pour se faire péter la gueule. Il avait trouvé des “modèles” à suivre.
Il y avait ce type, Ryan, avec sa grande cicatrice et ses cheveux verts. Il semblait avoir vécu tout un tas de choses et le petit aimait bien s’éterniser avec lui. C’était l’une des rares personnes à qui il obéissait sans trop râler.

Au final, il aimait bien cette vie.
Les nuits de folie, les courses-poursuites, les fous-rires, les engueulades....

Mais en quelques mois, tout a rapidement changé : un nouveau gang a sorti les griffes, la pression est montée… Los Malditos avaient pas peur de balancer pour se débarrasser des rivaux. Les petits novices comme Leo étaient souvent les premiers à être retrouvés par les flics.
Le jeune Deveccian n’avait jamais rien fait de bien grave, mais on peut dire que sa bonne étoile l’a lâché ce jour là, le lendemain de ses 18 ans.

La soirée avait bien commencé ; son père lui avait offert un couteau tout neuf.
Alors, il avait suivi Kyllian pour aller montrer son joli cadeau à Ryan, mais c’est la mort elle-même qui les a accueilli là bas, au hangar à réserves.

Ryan en était sorti couvert de sang, pris de court par le regard médusé de ses amis. Il avait l’air un peu trop suspect pour s’être juste renversé du ketchup dessus.
Leo avait pensé tout de suite à son père. Alors comme ça, Ryan aussi était un fou furieux ? Son sang n’a fait qu’un tour avant que la panique ne s’empare de lui.

Los Malditos traînait dans les environs, l’arrivée des flics n’était plus qu’une question de temps. Leo a couru aussi vite qu’il pouvait, jusqu’aux pieds de son père étalé sur le canapé.
Et sans vraiment chercher à comprendre, Thiago l’a foutu dehors, comme ça, l'haleine encore imbibée d’alcool et le regard plein d’indifférence. Il devait être loin de s’imaginer à quel point c’était la merde.

Plusieurs jours sont passés sans aucune nouvelle de Ryan, ni de personne d’autre.
Les rues semblaient désertes, ou presque : lorsque Leo a croisé le regard des Los Malditos, ça en était fini pour lui. Ils l’ont vendu aux flics comme le complice de son ami, et l’ont si bien tabassé que son procès a eu lieu trois semaines plus tard, à son réveil de l’hôpital.

Son père n'est jamais venu. Sa mère non plus, mais il ne lui en voulait pas. Au final, cette fois-ci, il était seul pour de bon. Avec ses pansements et ses béquilles, il galérait une dernière fois pour descendre du fourgon qui l'avait déposé à Luriguancho. Et dans sa petite tête brune, résonnaient en boucle trois mots précis :

"J'ai peur."

• Comment es-tu là ; J'ai poussé dans les cheveux de Ryan tel du fenouil
• Code ; Validé par ta verdure préférée
• Pays ; France
• Âge ; 18 ans
• Sexe ; ♀
• Cookies ou brownies ; Les trois
• Avatar utilisé ; Rin Okumura - Blue Exorcist